Mme Adjamagbo s’insurge contre les méthodes militaires de Boukpessi
October 10, 2020 :
Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson est très furieuse contre Payadowa Boukpessi. La Secrétaire générale de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) ne supporte pas que le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires traite les élus locaux comme ses garçons de course à qui il peut intimer des ordres comme il en a l’habitude.

Cette semaine, la CDPA a organisé une formation de renforcement de capacités à l’intention de ses élus locaux. Cette activité s’inscrit dans le cadre du 30e anniversaire du soulèment populaire du 5 octobre 1990, considéré comme le point de départ de la lutte pour la démocratie au Togo. Il faut dire que le processus de décentralisation mis en route en juin 2019 est une conséquence lointaine du mouvement du 5 octobre en ce sens qu’il est un pan essentiel de la démocratie encore balbutiante au Togo. Mais, depuis, les maires et leurs conseillers ont du mal à entrer dans la danse. La formation initiée par le parti fondé par le professeur Léopold Messan Gnininvi vient donc à point nommé outiller les 34 élus locaux de la CDPA en matière de gestion des affaires communales.
À l’ouverture de la formation mardi, la Secrétaire générale de la CDPA n’a pas manqué de relever les interventions intempestives du ministre en charge de la Décentralisation dans les affaires des communes. “Nous dénonçons surtout l’interférence du ministre Payadowa Boukpessi. Ce ministre a toujours considéré les élus locaux comme des fonctionnaires de l’État à sa solde“, a pointé Mme Adjamagbo-Johnson qui déplore qu’il y a une catégorie de maires classés opposants au régime à qui l’autorité de tutelle a affecté des trésoriers et des receveurs municipaux tout puissants qui, de connivence avec des préfets, interprètent les textes de manière arbitraire pour priver les exécutifs des moyens indispensables à leurs actions.
De fait, Kafui Adjamagbo-Johnson a relevé un certain nombre de dysfonctionnements dans la gestion des communes par l’Etat. Elle déplore par exemple que les fonds d’investissement local sont toujours détenus par le ministère en charge du développement à la base, les communes ne pouvant disposer de ressources nécessaires à leur fonctionnement et investissement que sur « instruction personnelle du chef de l’Etat ».
Autre fait d’arme du ministre Payadowa Boukpessi dénoncé par l’ancienne coordinatrice de la C14 est la délocalisation, au mépris de la décision du conseil municipal, du chef-lieu de la commune Yoto 3, pour la raison inavouée qu’elle est située dans la localité d’où est originaire Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro, qui se considère comme le véritable vainqueur de l’élection présidentielle du 22 février 2020.
Payadowa Boukpessi et ses méthodes militaires
À vrai dire, les méthodes employées par le ministre de l’Administration territoriale, de la décentraliasation et du développement des territoires – c’est la nouvelle appellation depuis la formation du gouvernement Tomégah-Dogbé – laissent souvent interrogateur car elles renvoient, sans exagérer, aux temps coloniaux où les fonctionnaires indigènes étaient traités avec le plus grand mépris par le maître blanc. En effet, aussi bien dans leur forme que dans leur fond, les notes de Payadowa Boukpessi à l’intention des maires sont généralement à la limite des injonctions, avec souvent des expressions comme “je veux que, je demande que, je vous enjoins etc”. Pour preuve, dans un message adressé aux différents maires le 15 juin 2020, le ministre, dans un style direct, sans civilités administratives, avait réclamé le bilan financier du premier semestre aux mairies concernées. « Je vous demande de me faire parvenir au plus tard le vendredi 19 juin 2020, pour le compte de vos communes respectives, l’état des dépenses des salaires du personnel, la liste de ce personnel, ainsi que la situation des paiements des salaires pour les mois de janvier à fin mai 2020. J’attache du prix au strict respect des présentes instructions», avait-il écrit sèchement.
De quoi susciter le tollé sur la toile au point de faire réagir des journalistes comme Marc Aboflan qui a estimé que « 90% de nos maires élus n’auraient même pas dû se faire élire chef de leur famille dans des conditions normales ». En privé, beaucoup de maires ne cachent pas leur agacement face aux “dérives totalitaires” du ministre, mais sont incapables de lever le pouce pour dire NON quand il le faut. Et Marc Aboflan semble savoir pourquoi. «Comment voulez-vous qu’on leur parle ? Je te nomme, je te parle comme je veux ».
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